Bouteille à moitié pleine ou vide, qui sait ? Mais le passage du président en Corse a probablement de quoi satisfaire les autonomistes métropolitains et de désespérer les indépendantistes insulaires.

Le principe de différenciation, de particularités territoriales et même d’identités a été réaffirmé, mais dans une République une et indivisible. On a du mal à croire que l’on puisse continuer à proférer que la République n’est qu’une, alors que nous la voyons plurielle et qu’elle ne soit pas divisée. Si ce n’était pas le cas, à quoi bon constituer un ministère, en charge de la cohésion des territoires ? N’est-ce pas acter qu’il faut travailler à les rapprocher, à aller vers une égalité plus réelle ?

Dans tous les cas, on semble doucement, mais pas si sûrement, s’éloigner d’une énième loi nationale, une et indivisible, pour moderniser, aménager, organiser les territoires, par en haut. Bref, centraliser…

Les indépendantistes corses, après un quatrième statut, en trente ans, en voulait un cinquième. Il leur a été répondu d’éprouvé déjà cette nouvelle collectivité unique, avant d’envisager une autre étape. Ce n’est pas tout à fait illégitime. Sur la co-officialité, le sujet est plus complexe. L’on a du mal à croire que le français serait mis en danger par la survivance du corse, voire par la permanence de l’alsacien, du basque et par la renaissance du breton. Toutes les études démontrent que le bilinguisme est une chance, surtout pratiqué dès le plus jeune âge. On peut et doit être plus inquiet par l’anglicisation de notre politique et par l’américanisation de nos pensées. Start-up, french impact, bottom-up et autres benchmark, ou calls inscrits sur la to do list nous semblent plus inquiétants…

Le principe de statut de « résident » pour lutter contre la spéculation immobilière est plus gênant. Si le tourisme n’a jamais été le seul espoir de développement des territoires ruraux, réserver l’achat au natif, resté ici ou parti à l’aventure ailleurs, serait plus que complexe pour bon nombre de territoires. Mais surtout, cela crée potentiellement les prémices de tensions entre vrais Corses et étrangers, qui  porteraient en germe tous les dérapages.

Il reste que taxer toute demande d’autonomie supplémentaire de dérive catalane ou d’indépendantisme est irritant. Il y a en France des nationalistes, ils sont nombreux ! A Paris et ils peuplent les ministères et même les travées de l’Assemblée. Et il y a des territorialistes, des localistes et même des Localos… Qui savent que bon nombre de sujets seront mieux traités en proximité, qui sentent que faire communauté n’est pas lutter contre la République, qu’œuvrer à une démocratie plus ascendante est l’un des moyens de lutter efficacement pour faire une République plurielle et rassemblée.

Même pas peur !

Les Corses diraient : Ogni tontu t’hà u so filu, Chaque fou suit son idée. Nous sommes convaincus qu’il faut suivre celle du développement local, de l’autonomie et de l’impertinence !

Et oui c’est plus compliqué de partir du réel, des hommes et des femmes, des territoires dans leur diversité. Ou alors, comme un cabri on peut sauter et dire « République, une et indivisible… »