L’Abécédaire des Localos (J.Y. Pineau)2018-04-12T18:30:55+02:00

Reprise des articles publiés chaque mois par Jean-Yves Pineau dans le magazine Villages.

village
La lettre A2018-04-12T19:12:36+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

À tout seigneur tout honneur : nous débuterons cet abécédaire par le A. Celui qui bombine parfois.
A comme « Annonces (petites) ». Cela aurait pu être A comme « Atypique ». Mais non.
Jetons un œil et une oreille sur quelques scénettes garanties sang pour sang billot :
Coté territoires d’abord et leurs merveilleuses annonces alléchantes :

Territoire presque pas rural bien que peu dense, très dynamique avec bientôt le très haut débit dès 2045, cherche porteur de projet muni d’un fort apport capitalistique et accompagné d’une famille nombreuse avec des enfants en âge d’être scolarisés en primaire mais sans avoir besoin d’être gardés voire occupés hors temps scolaire obligatoire. Bénévolat en yoga et en sophrologie serait un plus.

Ou bien

Territoire urbain en haut de la Seine mais sympa , cherche famille aisée, tranquille, avec trois enfants polis dont les parents travaillent déjà mais en quête de devenir encore plus riches grâce à notre environnement certes un peu pollué mais nanti d’avantages comparatifs incomparables. Pour l’installation, prière de laisser une enveloppe conséquente derrière l’hypermarché à l’attention de…

Mais poursuivons l’investigation coté relationnel, le coté contact humain qui souvent, bien souvent, fait la différence dans l’accueil de porteurs de projet…

“Bonjour, voilà j’ai un projet d’installation agricole.
-Bonjour. Bienvenu ! Vous tombez bien nous avons une exploitation à reprendre. Enfin si les voisins agriculteurs ne s’entendent pas sur le prix à donner pour leur agrandissement bien sûr !
-Ah ? Bon, moi je veux m’installer en maraîchage et je n’ai pas besoin de beaucoup de terre.
-Ah ? Je vois. Est-ce que vous avez des dreadlocks et est-ce que vous avez de la moquette chez vous ?
-Euh oui pourquoi ?
-Bip bip bip…
-Allo ? Allo ?”

Ou Encore :

“Bonjour voilà j’ai un projet de reprise de commerce avec ma compagne et une bande de potes.
-Bonjour. Bienvenu ! Vous tombez bien nous avons justement le dernier commerce qui a fermé en 1936 et que nous souhaitons rouvrir pour combattre notre hyper ruralité. Quel type de commerce souhaiteriez-vous développer ?
-Et bien nous pensons à un magasin général avec vente de billets de TGV par exemple.
Bip bip bip…
Allo ? Allo ?”

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois ! Allez savoir.

La lettre B2018-04-12T19:10:37+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Allons voir dans cet abécédaire de quoi il en retourne pour la lettre B.

Ce sera B comme « boussole ». Pourquoi ? Parce que. Une boussole c’est essentiel pour éviter les fausses pistes qui jalonnent les parcours des PP (sigle qui désigne les porteurs de projets qui peuvent être parfois très jeunes voire naïfs).

Tout d’abord, la boussole va vous permettre de ne pas vous perdre dans vos motivations voire d’égarer vos proches si vous les embarquez dans votre aventure. Êtes-vous bien dans le sens que vous voulez donnez à votre vie ?

Ensuite, vous allez vous faire accompagner. C’est mieux ! Mais attention, c’est parfois étourdissant. Entre les conseillers des Chambres Consulaires, les conseillers de la formation, les conseillers des territoires, les conseilleurs des conseillers (non je plaisante là, quoique), il y aura nécessité de ne pas se perdre. Vous êtes un bien précieux pour un conseiller, car, grâce à vous, PP que vous êtes, il sera payé. Tenter alors de prendre de la hauteur. Essayer de trouver le conseiller-boussole ou référent vous voyez ? Et si ce référent est l’agent de développement du territoire de votre choix, ce sera parfait ! Il connaît bien le contexte local !

Enfin, justement, vous vous demandez quelle commune pourra accueillir votre projet et éventuellement votre famille ou vos associés. Vous avez bougrement raison. Ce choix est primordial ! En effet, ce « territoire » sera le support à votre projet de vie et à votre projet professionnel ! Là encore, une boussole vous permettra d’explorer sans vous perdre les nombreuses campagnes et petites villes qui font le bonheur du jeu des mille euros et l’exaspération des pro-méga(lo)poles…

Ça fout les chocottes tout ça ? Mais non allez ! En résumé, munissez-vous d’une boussole qui indique : le cap concernant votre projet de vie, le cap concernant votre projet professionnel, le cap concernant le territoire qui nourrira projet de vie et projet professionnel. Une boussole trois en un !

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

La lettre C2018-04-12T19:14:09+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Quelle lettre pourrions-nous explorer cette fois-ci sachant que la dernière était la lettre B ?

Allez, soyons innovants ! Ce sera le C comme « Culture ». Pourquoi ? Parce que.

Je vais me jeter à l’eau et formuler une hypothèse. Les territoires ruraux les plus en « vie », ceux qui donnent le plus « envie », sont, restent et seront les territoires à fort indice culturel 1! A vous, porteurs de projet en quête d’un territoire à vivre et à travailler d’inclure ce critère dans vos recherches. Non, les seuls critères de type économiques, géographiques ou « serviciels » ne suffisent pas à garantir une installation pérenne et heureuse. Mais euhhh ??????????? Pourquoi ?

Parce que.

Parce que dans les territoires à identité valorisée donc valorisante, où l’accès aux pratiques culturelles est assurée, où les paysages ne sont pas que des « décors » mais sont « supports » pour des activités, des évènements (festivals, concerts, expositions…), je vous fiche mon billet que les populations et les acteurs y sont plus accueillants qu’ailleurs. Je vous fiche mon billet que ces populations ont pris l’habitude plus qu’ailleurs de ne pas avoir peur de l’autre, de l’étranger, de l’étrangeté. Je vous ficherais mon billet s’il m’en restait, que, preuve suprême de confiance locale, les « néos » arrivés ont des responsabilités dans les associations culturelles, voire les collectivités (oui cela existe ! Enfin pas encore assez à mon goût). Ce sont des territoires non repliés sur eux-mêmes, qui se savent en cours de construction, qui savent l’importance de s’ouvrir aux nouveautés, aux nouvelles activités, aux nouveaux regards. Bref, au changement et à la créativité. Ainsi la culture devient un levier puissant pour créer du territoire. Pour mettre en mouvement le territoire, pour créer de l’interconnaissance, pour se frotter à du nouveau, à du bizarre, à du hasard. A créer du lien, des liens. Sur le territoire et au-delà du territoire…

Des territoires à fort indice culturel, c’est aussi et d’abord des lieux où on ne s’ennuie pas, ou l’on peut continuer à s’émanciper, à grandir, à épaissir. Soi-même, ses enfants, ses voisins… A prendre des nouvelles du monde, à en prendre soin.

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Monsieur, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

1 Concept nouveau qui sonne bien non ? Pas trop dur à comprendre en plus ? Si ?

La lettre D2018-04-12T19:15:36+02:00

Chère lectrice (cher lecteur)

Très heureux de vous retrouver. Si la réciproque est vraie, alors vous ne serez pas surpris de cette annonce : c’est la lettre D qui sera reine ce trimestre ! Certes, me direz-vous ! Mais D comme quoi ? D comme Déprime (très tendance aujourd’hui) ? D comme Dehors (encore plus tendance aujourd’hui) ? Ah je vous sens bouillir vous les impatients porteurs de projets ! Et bien soit, je vous le D’voile, ce sera D… comme système ! Pourquoi ? Parce que.

Oh J’entends d’ici les voix de puristes qui s’insurgent de ce procédé plus ou moins douteux (c’est l’une des définitions du système D D’ailleurs) et qui me pressent pour que la lettre D soit Débrouille. Fi des puristes (si vous trouvez une antistrophe ici merci de me dénoncer au rédacteur, via le courrier des lecteurs) ! Non. Ce sera D comme système.

D’abord parce que là, sous vos yeux mêmes de lecteurs déjà ébahis, j’y ai recours (au système D) pour trouver l’inspiration ! Je viens ainsi, quasiment l’air de rien, de vous démontrer par A + B qu’avoir recours à la lettre D et à son système permet deux choses essentielles quand on est porteur de projet : 1) Contourner les difficultés 2) Provoquer la créativité ! Et vice versa.

Bien. Vous me suivez j’imagine. Alors poursuivons. Balayons d’un revers de manche (comme au tennis) cette définition qui dirait, un tantinet suffisante voire méprisante, que le système D est l’art de la débrouille. Voyez-vous cela !

Non, non et non ! J’ose affirmer ici, chère lectrice (cher lecteur), du haut de mes 2 258 porteurs de projet accompagnés durant ma vie d’agent de développement, que le système D est tout simplement un art ! Point. Pourquoi ? Parce que.

Parce que je ne connais pas de projet pérenne qui n’est été tordu, façonné en dehors des clous pour épouser au mieux les contours et les souhaits de son porteur. Parce que je ne connais pas de projet pérenne qui ne s’est affranchi du cadre dans lequel on voulait le faire rentrer (cadres administratif, financier, commercial…). Parce que je ne connais pas de projet pérenne qui n’ait évolué de manière pragmatique, hors académie, pour s’adapter, s’intégrer dans un écosystème idoine, seul gage de réussite.

Mouais, je vous voir faire la moue. Un exemple concret ? Ah la tyrannie du « concret »… Allez, soit : votre projet, génial, précurseur, innovant, indispensable, bref votre projet, ne trouve pas son financement auprès des banques ? Trop génial, trop innovant, trop précurseur… Qu’à cela ne tienne, vous décidez de passer par de l’épargne locale, du don, du crowdfunding, de l’échange. L’économie avec un grand E ne veut pas de vous ? Tant mieux, vous vous risquez alors dans la Nouvelle Economie (collaborative, fonctionnelle…) quitte à redessiner votre projet. En prime, vous y trouver un supplément d’âme. Si ça ce n’est pas du D !!!

Notons tout de même que quand le « D système » fonctionne bien, il peut perdre son « D » pour ne rester que « système » (avalé qu’il est le D !). Et il faut alors à nouveau se creuser les méninges. Parce que c’est dans les marges et dans le bricolage que s’invente et s’invite le nouveau monde. Et chacun pressent que le seul système qui vaille c’est celui qui permet que le D de Demain devienne le D de Durable non ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

A dans trois mois !

 

La lettre E2018-04-12T19:17:05+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Quel plaisir de vous retrouver chères porteuses et chers porteurs de projet ! Enfin j’espère que pour beaucoup d’entre vous, votre projet s’est concrétisé. Parce que sinon… Enfin comme le dit le proverbe, qui va piano va sanyo1.

Allez zou, mes espaces étant comptés, attaquons sans ambages. Parlons de la lettre E. E comme Économies (nouvelles). Pourquoi ? Parce que.

Mais c’est quoi ça les Économies Nouvelles ? Et pourquoi en faire l’objet d’une chronique décalée ? Je vous entends d’ici chères porteuses et chers porteurs de projet.

Alors je vous réponds.

1) Tout d’abord les économies nouvelles ce sont par exemple… l’économie de la fonctionnalité, l’économie collaborative… toutes s’inscrivant dans un souci de responsabilité sociale et de solidarité responsable. Toutes économies, au sens Grec (la bonne marche de la maison) qui incarnent DEJA ou peuvent incarner une alternative à la « Grande Économie ». La sérieuse. Celle que nous connaissons tous et qui, n’ayant pas peur de dire que le Roi est nu, laisse sur le bord du chemin des milliards d’individus, pille la planète goulument, condamne la biodiversité et nous mène droit dans le mur, mais chutttt, laissons rêver les grands enfants !

2) Puisqu’il s’agit d’une chronique décalée alors parlons d’économies décalées que diable ! Et quelque chose me dit que c’est là, dans ces nouvelles économies, toutes liées à ce que l’on nomme la « transition écologique » que se tiennent les potentiels d’activités d’aujourd’hui et de demain. Et oui, ces économies prennent en compte les aspects financiers mais également et surtout les richesses humaines et culturelles et qu’elles nourrissent plus qu’elles épuisent nos écosystèmes naturels. Écosystèmes qui nous inclus, je tiens à le rappeler des fois que… Bref, c’est là que se tient les nouvelles activités, les nouveaux emplois, les nouveaux marchés. Et les territoires ruraux sont ou seront ces lieux de nouvelles fabriques du futur (spéciale dédicace au Pays de Combrailles en Marche). Qu’il s’agisse d’énergie, d’alimentation, de santé, de services, d’artisanat et de commerces, la « mue » de notre société peut et doit être prometteuse.

Et si l’économie faisait du bien aux gens et à la planète ? Allez, chiche on y va !

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

1 Pour le comité de lecture : sanyo est un fabricant, entre autre, d’instruments de musique et notamment de pianos électriques) si Sanyo est considéré comme de la pub déguisé : a) la régie commerciale de Village peut aller les démarcher. B) je vous propose de remplacer « sanyo » par « pas vite » : qui va piano va pas vite.

La lettre F2018-04-12T19:18:34+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Ah le printemps ! Ça donne envie de vivre plus près de la nature n’est-ce pas ? Allez, reprenez donc votre projet ! Celui-ci doit vous y conduire non ? Moi je m’en vais vous compter, de manière décalée bien évidemment, des nouvelles de la lettre F. Ce sera F comme Fréquentation. Pourquoi ? Parce que. A lire cependant avec modération, vous verrez…

Prendre le pouls de la commune et plus largement du territoire qui pourraient vous accueillir vous, votre famille et votre projet est essentiel bien sûr. Aller se « perdre », flâner, s’immerger dans ces lieux qui doivent vous devenir familiers relève de la plus importante démarche qui soit ! Aux étourdis ou aux amnésiques rétrogrades, je vous conseillerais in peto de relire la lettre B. Pour les non abonnés (ah ben bravo !), j’aimerais également vous indiquer un traitement très efficace contre l’amnésie mais j’ai oublié son nom, désolé.

Bref, ressentez, goutez, vivez votre futur lieu de vie. Comment ? En le fréquentant le plus possible bien sûr. Pendant les vacances si besoin, pendant les WE. Pendant la mauvaise saison. Profitez de toutes les occasions, après tout, cela doit être considéré comme un « investissement » utile. Des territoires qui s’engagent dans les politiques d’accueil ont même parfois des propositions à vous faire en termes d’hébergement et de séjour, renseignez-vous absolument. Le mot d’ordre est : fréquenter, fréquenter et fréquenter ! Fréquenter les élus, les agents de développement, les gens. Ou ? Comment ? Je n’aurais qu’un conseil : visez les cafés ! Ce sont des lieux hautement stratégiques. Ce sont en fait de vrais tiers-lieux avant la lettre. De vrais espaces de coude-working parfois très instructifs ! Des fab-lab créatifs capables de vous montrer le territoire en 3D, voire en 4D. En tous les cas, comme jamais vous ne le verrez dans les dépliants touristiques. On y apprend tant de choses, on y fait tant d’affaires. Ce sont des hauts lieux d’insertion (voire d’ingestion) et de socialisation. Vous y apprendrez à vous faire connaître et à connaître. A soulever le capot du territoire pour vous plonger dans sa réalité, parfois crue, sans fard. D’ailleurs, les élu-e-s ou les impétrant-e-s ne s’y trompent pas : les campagnes à la campagne passent toutes par les bars et les cafés. Bon d’accord, le marché avant. Mais le bar après !

Les cafés sont des maternités à projets ! Des incubateurs en tout poil ! Des alco-systèmes d’acteurs locaux précieux. Des journaux de petites annonces extraordinairement efficaces. Enfin souvent.

Confidence pour confidence, j’ai fait du « Bon Accueil », un café-restaurant du Pays de Racan, l’annexe de mon bureau d’agent de développement pendant 11 ans. Je peux le dire, il y a prescription maintenant. Les gérants, spéciale dédicace, étaient des agents de développement sacrément efficaces.

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi. Il faut que j’évite de fréquenter trop le bureau.

À dans trois mois !

 

 

La lettre G2018-04-12T19:19:50+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Si je fais le point, nous devons être arrivés au G Monsieur le rédacteur de Village non ? C’est drôle comme parfois les choses arrivent sans qu’on ait à les chercher ! Ce sera donc la lettre G, un point c’est tout.

Enfin c’est tout non, pas vraiment, car ce sera G comme Garage. Pourquoi ? Parce que ! Parce que partir construire sa vie à la campagne (et celle de sa famille le cas échéant) dans un « ailleurs » qu’on ne connaît pas vraiment, nécessite un brin de prudence. Et d’éviter de s’orienter dans une voie de garage. Ou une impasse si vous préférez. En clair et en décodé, évitez de mettre tous vos œufs dans le même panier et dans le même projet ! Soyez stratèges et garder une poire pour la soif. Des fois que… Oui mais comment ? Grâce au plan B ! Réfléchir à un plan B, l’air de rien, vous permet de prendre de la hauteur vis-à-vis de votre plan A. Vous en détecterez plus facilement les failles. Vous pourrez ainsi plus facilement les combler. Et puis le plan B rassure : si votre projet tourne mal, hop, le plan B est là. Il vous donnera confiance. Et de la confiance il en faut ! Pour soi, pour sa famille, mais aussi pour ses partenaires, pour ses financeurs, pour ses clients… Ca peut paraître tordu, je vous l’accorde, mais l’air de rien, éviter la voie de garage en anticipant une alternative permet d’éviter des situations qui peuvent être parfois très, très ennuyeuses. Quelques exemples concrets pour éviter le garage ? Avec plaisir ! Prévoir une installation par étape et in situ (des dispositifs régionaux ou plus locaux peuvent vous être justement proposés : portage salariale, coopératives d’activités et d’emplois, logements passerelles, résidences d’entrepreneurs…), imaginer, si vous êtes en couple, le maintien d’un des deux dans un emploi salarié, trouver le territoire qui pourrait vous offrir une alternative en matière d’emploi si votre projet de création/reprise ne tourne pas rond…

Faire le point grâce au G, avouez que c’est plaisant non ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

La Lettre H2020-03-11T10:26:35+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Autant vous prévenir de suite, cette chronique sera une petite bombe ! Pourquoi ? Parce que l’heure du H a sonné. Et là, je vous vois déjà chères porteuses de projet, un sourire au coin des lèvres. Trop facile ! Défilent alors devant vos yeux de multiples possibles : H comme Ardèche, H comme Lozère, H comme Ariège… Et bien non ! Je ne tomberais pas dans ces clichés fumeux d’un autre siècle. Ce sera H comme Hospitalité. Pourquoi ? Parce que !

Parce qu’à l’heure (H) de faire votre choix d’un territoire où poser valises, famille, projets, économies il est bien une dimension essentielle que vous devrez mesurer et appréhender AVANT votre installation : l’hospitalité du territoire. Outch me direz-vous ! Voilà bien une dimension subjective, versatile, impalpable. Certes, je vous l’accorde, mais en retour accordez-moi l’importance de cette qualité locale qui facilitera grandement, si elle est présente, votre installation et votre épanouissement sur votre nouveau lieu de vie non ? Ces derniers temps, des tensions naissent autour de l’accueil de migrants, de réfugiés. L’Autre fait peur, l’Autre devient le bouc émissaire.

Cela met d’ailleurs en relief la cruelle absence d’accompagnement de ses populations. Rien n’est fait pour leur faciliter l’insertion, la valorisation de leurs énergies et de leurs nombreuses compétences. Un gâchis humain. Un déni d’humanité. Et dire que certains territoires ruraux sont en crise de démographie !
Bref, avec cette fâcheuse et honteuse actualité, vous devinez chères lectrices, combien cette notion d’hospitalité s’avère une dimension essentielle dans l’attractivité d’un territoire. Bien au-delà de ses caractéristiques économiques, ses équipements, ses autoroutes et son très haut débit.
Prenez le temps d’ausculter le territoire, de découvrir son tissu associatif, d’interroger d’anciens néos, de repérer ses lieux de rencontres publiques, ses manifestations culturelles, son « image ». Testez en quelque sorte l’indice d’Hospitalité territorial ! Et pourquoi pas ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre I2018-04-12T19:21:11+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Déjà 2017 ! Meilleurs vœux de vifs doigts à défaut de le faire de vive voix. Quelque chose me dit que vous avez hâte d’être des porteurs-de-projet-acteurs-positifs de cette nouvelle année. Tant mieux. La planète a besoin de vous ! Quelque chose d’autre me dit que la lettre à venir est le i. si. Alors allons-y. Ce sera i comme itératif. Hi ? Pourquoi ? Parce que.

Parce que d’abord c’est un mot pas trop usé. Il fait un tantinet savant non ? Voir un peu précieux. Tant mieux, les mots peu usés ça stimule les neurones et les synapses. Ca n’a pas de prix et c’est toujours cela de pris. Mais surtout cet « itératif » nous renseigne bigrement bien sur l’état d’esprit et le parcours dont vous avez besoin vous les porteurs de projet ! Et non, la vie d’un porteur de projet n’est pas un long fleuve tranquille et linéaire ! Ce serait trop simple n’est-ce pas ? Or, c’est là que notre « itératif » entre en jeu : porter un projet c’est être en capacité de savoir (parfois) tourner en rond, de savoir rebrousser chemin, d’aller à droite puis à gauche, en haut et en bas, de zigzaguer (tiens je le note ce mot là pour ma chronique du Z en 2027) ! Maudite soit la ligne droite ! Elle n’annonce rien de bon. Cette droite, si fière d’elle-même, nage en plein idéologie vieillotte : elle ne pense pas le détail, la fragilité, l’innovation. Elle pense vitesse, elle n’est qu’impatience. C’est confondre hyperactif et itératif. Ainsi, le parcours en ligne droite est soit un leurre, soit un raccourci vers l’échec, bien souvent. Alors qu’au contraire, l’itération prend soin de réfléchir. De chercher. De prendre le temps qu’il faut pour trouver LA bonne réponse ou la moins mauvaise. Une fois trouvée, hop ! On passe à autre chose. Mais on ne laisse pas la poussière sur le tapis.

En quelque sorte, être itératif dans son parcours c’est donner puissance à la gestation de votre projet, de l’élargir, de le forcir. C’est un gage de bonne naissance et de longévité ! Et point besoin de vous mettre les points sur les i pardi !

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

 

La lettre J2018-04-12T19:23:46+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Au moment où je me lance joyeusement dans la rédaction de cette chronique, le printemps dehors s’en donne à cœur joie ! Bonjour, bonjour les hirondelles (dépêchons nous de les saluer au cas où). D’un coup d’un seul, la chaleur pousse. Les semis aussi, la sève monte. Nos corps réapparaissent, et avec, des envies de renaissance jaillissent de nos têtes.

Bon. Et ? Et bien l’heure est propice aux projets ! Revenons alors à nos moutons. Le chroniqueur, à l’instar de ces flèches noires et blanches qui strient nos cieux adoucis, se sent malicieux, facétieux.

Et c’est pourquoi la lettre du jour sera le « j ». Bien. Et ? Et ce sera « J » comme, hum, justaucorps ! Mon ami Philippe, qui chantait pour passer le temps aurait préféré léotard que justaucorps mais pour les raisons évidentes que vous devinez, ce n’est pas possible. Pardon à Jules, son créateur, mais ce faisant, je lui redonne, l’air de rien, ce qui lui appartient (l’invention du justaucorps). Je précise, au cas où, qu’il s’agit de Jules Léotard et non de Jules César, qui lui a inventé la Province. Et des sièges très inconfortables.

Ce sera donc justaucorps !

Pourquoi ? Parce que !

Parce que votre projet doit être conçu de la même manière qu’un justaucorps pardi ! Ce doit être votre seconde peau. Il doit épouser à merveille les courbes de vos desseins personnels. Ni trop ample, ni trop étriqué ! Dans le premier cas, ce trop d’ambition vous ferait flotter. Gare à la noyade alors ! Dans le deuxième, cette vision trop maigrelette de votre projet pourrait vous étouffer !

C’est pourquoi vous devez sans cesse découdre, recoudre, tailler voire rapiécer votre projet. Vous devez le ciseler à vos mensurations, à vos envies… et aux réalités économiques. Que sa matière soit souple pour coller aux variations de poids ou de dimensions du projet. Que sa couleur soit vive pour qu’il soit visible. Que ses fibres soient en phase avec les vôtres. Surtout pas de matière artificielle !

Ce projet « justaucorps » doit répondre, ne l’oubliez pas, à vos aspirations personnelles et professionnelles, mais doit également coller à la peau du territoire de prédilection.

Ainsi paré, vous serez fin prêt le jour « j » bien sûr !

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

 

La lettre K2018-04-12T19:27:36+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Et voilà ! Il fallait bien que cela arrive ! Dans un abécédaire, il y a des lettres sympas, amènes, accueillantes, et puis il y a les cabochardes, les ingrates, les repoussantes. J’en vois déjà deux ou trois parmi vous, fidèles lectrices, fidèles lecteurs, qui sourient sous cape, en se disant : même pas cap !

Pourquoi ? Parce que !

Parce que nous sommes arrivés à la lettre K ! Et là, forcément, certains entendent déjà le roulement de la caisse claire lors des numéros circassiens qui annonce le péril et qui impose silence et attention maximale des spectateurs… Si des fois il pouvait y avoir une chute…

Et vlan ! Cymbale ! Accrochez-vous ! Ce sera le K comme Kaïros !

Honte à moi qui ais tremblé quelques minutes devant ma feuille blanche en ayant peur de sécher le K. Bon sang mais c’est bien sûr ! Le Kaïros s’est imposé de manière lumineuse. Mais, et je sens votre haleine, non pas dans mon cou, mais toute en retenue, c’est quoi ce bidule ? Qu’est ce qui nous raconte ce chroniqueur ? Il décale à plein tube ou quoi ? Que nenni ! Ce mot, chers porteurs de projet, est le plus beau et le plus utile des mots pour les porteurs de projets. KaIros est en effet un des trois concepts du temps Grec (avec Chronos et Aiôn) qui désigne le temps des opportunités. L’instant unique où, parce que vous aviez le nez en l’air, vous vous êtes mis en capacité de saisir l’opportunité. C’est par exemple l’offre de reprise du commerce de vos rêves dans le territoire de vos rêves. C’est l’accès à des subventions que vous n’aviez même pas calculées mais sur lesquelles vous êtes tombées en lisant un article sur Village Magasine (juste avant cette chronique). Vous y voyez mieux ? Le Kaïros, c’est la capacité à saisir sa chance (celle qui sourit aux audacieux). Au bon moment. Avant c’est trop tôt, après c’est trop tard. Et c’est tout sauf du hasard : c’est de l’entrainement, c’est une posture ! Etre agile, ouvert, attentif et prompt ! Voilà de belles qualités pour un porteur de projet n’est-ce pas ?

« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront » écrit le poète.

Oh ? Il est déjà cette heure ? Bigre, Chronos va me dévorer ! Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

 

La lettre L2018-04-12T19:26:26+02:00

Chère lectrice (cher lecteur)

Et si nous décidions ensemble, un peu follement, d’explorer cette fois-ci dans une formule tout à fait originale, la lettre L ? Quelle audace me diriez-vous ! Mais à y regarder de plus près, vous auriez tôt fait de me retourner que cette lettre, la L, arrive par ordre alphabétique après le K, et que d’audace, dans cette abécédaire décalé, vous n’en trouveriez point… Ce n’est pas faux ! Aussi, soyons sage et reprenons le cours paisible de cette chronique qui désormais coule et s’écoule paisiblement. Reprenons donc à la Lettre L.

Ce sera donc L comme LOCAL ! Mais pourquoi ? Parce que ! Parce que le « LOCAL » à la campagne cela compte beaucoup. C’est même essentiel. Essentiel pour vous porteurs de projet parce que nous le savons (héhé), vous ne portez pas QUE des projets professionnels. Non, vous portez aussi un projet de vie (souvent à plusieurs, en famille). Et même que souvent, votre projet professionnel n’est qu’un prétexte à changer de vie, à changer de projet de vie. Alors concilier projet de vie et projet professionnel ne peut se faire de la meilleure manière que si vous considérez, appréhender, maîtriser le LOCAL. Le LOCAL ici s’entend comme le lieu qui sera le support des deux versants de votre démarche de migration (et oui vous osez être des migrants, respect). Autant dire que pour ces deux versants, il est crucial que vous soyez non seulement le plus en phase avec ce LOCAL mais aussi que vous vous y investissiez. Il serait même plus que bien que vous puissiez devenir des « grands » acteurs de ces « petits » territoires ! D’ailleurs les petits territoires qui y réfléchissent, et il y en a, le souhaitent ardemment. Vous êtes en effet les nouvelles énergies indispensables pour consolider, renouveler, épaissir leur devenir, voire le rendre possible. Sans accueil, plus de territoire. Et ce n’est surtout pas manquer d’ambition que de vouloir se réaliser dans le « LOCAL ». Ah que non ! Certains pensent même que le Monde ne peut se refaire qu’à partir du LOCAL. Et pas l’inverse. Et que si cela était le cas, l’inverse, cela s’appellerait une dictature. BRRRRR. Et si nous inventions, nous les persuadés du petit périmètre ouvert et relié, en clin d’œil à Édouard Glissant, le concept de « LOCAL-MONDE » ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

 

La lettre M2018-04-12T19:22:29+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

En guise d’étrennes je ne résiste pas à vous offrir cette citation de Pessoa, auteur universel et Portugais qui écrivait ceci : « Un bref coup d’œil sur la campagne me libère plus complètement que ne le ferait un long voyage pour quelqu’un d’autre ». Lui, l’habitant de Lisbonne qui détestait voyager. Et vous ? Où en êtes-vous de vos désirs de campagne ? Vous ramez ? Ça tomberait presque bien avec le climat humide de ces derniers…mois en métropole ! Souquez ferme porteurs de projets, la terre est proche ! Aussi et pour vous distraire quelque peu de ce fichu temps à fichus, je vous convie à explorer une toute nouvelle lettre. Il s’agit cette fois ci du M. Allez, je vous vois déjà sourire et vous vous attendez à ce que je m’éparpille autour du M comme Aime ! Et bien non. Ce sera M comme Monnaie. Ah, ça calme direct non ? C’est moins glamour. Mais pourquoi Monnaie ? Parce que !

Parce que sans monnaie pas de projet ! Dans notre société de haute intelligence, tout porteur de projet doit démontrer avant tout qu’il sera sincère, dévoué et durablement mobilisé à son entreprise en affichant le capital financier qu’il y investira ! Une de nos bonnes vieilles valeurs capitalistes qui apparemment a fait ses preuves (?). Enfin passons. Et si vous n’en avez pas de monnaie ? Au passage, et pour vous rassurer, c’est un cas de figure qui se rencontre assez souvent et qui a tendance même à devenir banal. Comment alors déjouer ce piège rédhibitoire et un tantinet paradoxal : comment avoir de l’argent avant même de pouvoir mettre en œuvre l’outil pour en gagner ? Surtout quand on est jeune ! Nos bonnes vieilles banques ne prêtent qu’aux gens qui ont déjà du capital ! Passons. Passons au système D justement. Retournez la contrainte et faites en une force. La recherche de capitaux doit vous permettre d’explorer de nouveaux montages financiers et juridiques. A vous cette audace ! Le capital n’est pas que financier, il peut, doit être social. Les entreprises peuvent être coopératives et ainsi les sources d’investissements seront multipliées, les modèles économiques peuvent inclurent le préfinancement de productions (regardez les AMAP), enfin les dispositifs de prêts divers et variés et souvent régionaux, s’ils ne vous perdent pas, pourront utilement faire grimper les apports en capital et jouer leur rôle de levier. Et je ne parle même pas de crowfunding voire de tontine… En un mot, plus vous donnerez de sens à votre projet (pas celui-ci de faire de l’argent pour de l’argent en clair), et plus les montages financiers nouveaux vous seront atteignables. Définir son projet et son modèle économique avec ses futurs clients, fournisseurs, sociétaires, voilà une manière originale et solide de rénover « l’étude de marché ». Chaque territoire devrait avoir son conseiller en finances solidaires et originales. Au service DES projets. Tout le monde y gagnerait, enfin presque tout le monde. Notamment les territoires ruraux qui, faute de densité de consommateurs, n’intéressent plus vraiment les investisseurs capitalistes. Et si c’était une chance ?

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

 

 

La lettre N2019-01-29T18:09:33+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Tout porte à croire que l’heure du N est arrivé ! Et cela tombe très bien au regard de la précédente chronique qui a souhaité illustrer la lettre M. Comme dirait Maitre Kong, plus connu sous son nom latinisé de Confucius, le Socrate Chinois, tout va bien. Le rite est respecté, l’ordre du ciel règne.

Mais, me direz-vous impatiente, N certes, mais N comme quoi ? N comme Notable ? N comme Noctambule ? N comme Néandertal ? Que nenni ! Ce sera N comme Néorural !
Pourquoi ? Parce que ! Il serait difficile, voire criminel, de passer à côté de ce néologisme du siècle dernier qui sent si bon l’herbe fraiche surtout quand il s’agit de chroniquer un abécédaire décalé de porteurs de projets qui souhaitent s’installer à la campagne ! Cette expression, très usitée par les journalistes, les sociologues, les géographes et les autochotones des cafés ruraux, désigne habilement ces citadins venus ré-habiter les territoires ruraux. Elle permet de stigmatiser, juste ce qu’il faut, ces gens qui ne sont « pas d’ici », et qui, on peut le craindre dans certains territoires, risquent d’attendre quelques générations pour avoir le droit de se revendiquer du coin. N’ayez craintes et ôtez-vous toute pression superfétatoire chers porteurs de projet : ce terme n’a rien à voir avec Matrix et son « Néo » missionné pour sauver le monde ! Bien que… nous pourrions affirmer, et nous ne serions pas les seuls, que sans accueil de nouvelles populations, les territoires sont condamnés à péricliter ! Mais nous pourrions dire aussi qu’accueillir des « néos » dans un territoire rural ne tombe pas sous le sens. Ça bouscule les psychogéographies, les habitudes, les rites ! Il faut faire de la place. Il faut être hospitalier. Il faut s’organiser ! Ces néos d’ailleurs sont exigeants (enfin il paraît) : ils réclament des services tout comme en ville ! Les fous ! D’ailleurs Jean Viard, le sociologue du Lubéron, propose de les nommer les «extra-urbains». Sympa. Il faut dire que la plupart de ces néos non pas de rapport direct avec la terre (là, ils ne sont plus les seuls hélas, car même les populations « souches » rurales n’ont quasiment plus de rapport avec la terre ! Seul 1% des Français vivent de l’agriculture aujourd’hui contre 70% il y a un siècle). Bref, on peut le pressentir, chers porteurs de projet, vous n’êtes pas attendus comme des Messies. Mais non, ce n’est pas grave ! La « culture de l’accueil » ne se décrète pas, elle se travaille ! Le brassage social, culturel, professionnel, s’il enrichit les âmes et les territoires ne s’improvise pas. Il s’anticipe et se travaille. Et nous devrions également ajouter que ce chemin de l’accueil doit se parcourir de chaque côté quand on souhaite s’intégrer dans un territoire. Tendre une main amène d’un côté, aller la saisir aimablement de l’autre. Et cela peut, doit, faire politique locale ! Un peu partout des humains travaillent à rendre leur territoire accueillant aux migrants et aux exilés. Heureux ces territoires de vie qui seront demain en vie !

Oh ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre O2019-01-29T18:10:57+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Ce petit billet, sans valeur faciale mais suffisamment affranchi, est écrit depuis le si précieux et si délicieux festival des « Estivales de l’illustration » à Sarrant, Pays des Portes de Gascogne, Gers. C’est ce projet fou, porté par une bande d’artistes et de bénévoles transcendés et magnifiques, qui inspire (illustre !) cette chronique. Ici on baigne dans le pur développement local, et pas que les soirs d’orages ! Ce festival est l’événement fort et phare d’un rêve d’émancipation locale et territoriale dont le socle et l’épicentre se situent à la librairie-tartinerie* implantée là depuis 18 ans. Un rêve devenu réalité à force de pugnacité, de convictions et de rencontres humaines. De l’improbable qui existe et qui perdure. Qui croît et qui embellit. Et qui explore et rend possible l’économie territoriale d’aujourd’hui et de demain.
Certes, me direz-vous avec pertinence, mais quel rapport avec l’Abécédaire ? Et bien, le suivant. En effet, de manière arbitraire, la lettre O est à l’honneur de cette chronique. Et ce sera O comme onirisme. Attention ! Certain lecteur solitaire pourrait, d’une lecture trop rapide, lire O comme onanisme. Que nenni ! Il s’agit bien d’évoquer l’art du rêve. Pourquoi ? Parce que ! Parce que vous porteur de projet, vous êtes d’abord porteur de rêves. Vous poétisez votre vie à venir. Vous l’inventez. Vous en êtes l’auteur. Cette vie plus dense en sens, vous la rendez possible parce que vous osez dire oui au changement. Chasser le phantasme, ce faux ami qui vous déroute, pour ne garder que le rêve, boussole fiable et moteur puissant de la mobilité. Gare aux donneurs de leçons, tristes liquidateurs de l’original et des jolis desseins. Fi des empêcheurs de rêver en rond (ron) ! Fi de ces pourfendeurs de rêveurs. Porteurs d’idées, rêvez ! Vous aurez tout le temps de vous frotter aux principes de réalité quand vous vous mettrez en route. Là il vous faudra raboter vos projets, les rapetisser, les réduire, les contraindre, les émincer. Alors partez avec le plus gros capital possible de manière à ne pas vous retrouver avec, au bout de la route, un projet chétif, certes sérieux mais tout gris.
Et puis ne rêvez pas seul ! À plusieurs les rêves sont peut-être plus complexes à produire mais ils sont plus solides et ils vont plus loin. Osez le collectif ! Tordez le cou au phantasme de la figure de l’entrepreneur, seul et chef. De plus en plus de projets incertains quand ils sont menés de manière individuels trouvent de la viabilité quand ils sont menés de manière coopérative et collective. Comme le dit le poète troubadour « je ne vis pas ma vie, je la rêve ». Une manière de résister à la rudesse du monde en somme. Vive les Estivales de l’illustration ! Vive la transition poétique des territoires !

O ? Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !
* Voir la chronique de la librairie dans chaque numéro de Village Magazine.

La Lettre P2019-01-29T18:14:40+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi j’ai depuis ma dernière chronique un drôle de goût en bouche. Est-ce l’effet d’un été trop long, trop chaud, est-ce l’effet de voir des touristes faire du VTT dans le lit d’une rivière asséchée en trouvant que la vie est « fun », est-ce l’effet de voir des arbres centenaires en train de mourir, est-ce l’effet de vide désolant d’un sol et d’un ciel de moins en moins grouillants ou est-ce l’effet d’une plongée radicale et brutale dans l’hiver sans passer par la case champignons ? Toujours est-il que ces temps modernes me foutent de plus en plus les chocottes !

Mais entre « le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté », sentence lumineuse de Gramsci, j’opte pour la volonté et derechef me saisis au hasard d’une lettre pour avancer dans cet abécédaire. Ce sera le P. Il est des lettres moins prodigues en termes de choix non ? Imaginez-vous deux secondes vous retrouver à devoir réaliser un abécédaire et de tomber sur le Q ! Ca aussi ça fout les chocottes non ? Ce sera donc le P. Comme projet ? Trop évident ! Comme Pineau ? Trop prétentieux. Comme Punk ? Pas mal. Mais ce sera P comme Pouvoir ! Pourquoi ? Parce que.Parce que vous porteur de projet, vous avez le pouvoir de mettre en œuvre une nouvelle économie. Une manière de créer des richesses qui ne seraient pas liées à l’exploitation des ressources naturelles ou humaines. Tout juste à leur valorisation. Une économie qui ne serait pas au-dessus des écosystèmes naturels (avec des humains donc) ni même à côté. Une économie qui serait « ré-encastrée » dedans ! Elle a déjà un nom : l’écobionomie. Certes, la viabilité est plus difficile à construire. Certes, notre société capitalistique n’offre que peu de place à ces initiatives mais je peux vous assurer que partout elles grandissent. Elles s’enracinent. Elles feront bientôt rhizome. Parce qu’il n’y a plus d’autres choix à part le précipice. Et non, cette économie n’est pas une économie de la « réparation », une économie qui ne survit que par subventions (devons-nous rappeler ici les milliards d’Euros dépensés pour soutenir l’agriculture ou la compétitivité des entreprises ?). Si les décideurs qui ont le pouvoir veulent continuer à croire au Père Noël, laissons-les croire. Vous, porteurs de projet, citoyens, humains, vous avez le pouvoir de changer l’immonde !

Punaise ! Il est déjà cette heure ? Désolé mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre Q2019-04-21T10:49:08+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Bien calé sur mon fauteuil et, par souci de cohérence, sur mon séant (une anagramme de sénat soit-dit au passage), l’heure de ma chronique trimestrielle a sonné et je m’y attèle. Bigre ! Il devait bien arriver. Il est là. Imposant et incontournable. Il me regarde avec un sourire en coin, du moins j’en ai l’impression. Le Q. L’instant du Q. Difficile d’y échapper n’est-ce pas ? Bien-sûr me direz-vous, je pourrais torcher ce papier en trois lettres et deux mouvements mais diantre ! Ce n’est pas mon style. Alors, soit ! Attaquons-le rondement. De manière délicate mais fermement. Par quel mot illustrer ce Q pour qu’il résonne et non détonne dans cet abécédaire décalé ? Ce pourrait être Q comme Question. Ce n’est pas ce qui manque quand on porte un projet. Ce pourrait être Q comme Quadrature mais nous finirions par tourner en rond. Ce sera Q comme Quête. Pourquoi ? Parce que !

Parce que j’aime Brel et Don Quichotte. Et Sancho Panza, qui n’était pas un âne mais l’agent de développement du porteur de projet à cheval sur ses principes et son séant. Comment ne pas penser à relier cette somptueuse chanson que vous avez tous en tête maintenant et, je l’espère, pour quelques heures encore (merci qui?), à vos propres vies et désirs d’autres destinées ? Suivre l’étoile ! Quel beau viatique pour un porteur de projet ! Et quelle belle image que ce duo improbable entre un porteur de lubies et un porteur d’eau. L’un s’enflamme, l’autre éteint. L’un est stratosphérique, l’autre est glaiseux. L’un est généreux, l’autre est comptable. Mais les deux cheminent, ils capitalisent, ils vivent. Le « projet » reste pour beaucoup la seule solution virtuelle pour fuir un monde non convenable, étouffant, mortifère. Le projet est subversif. Il bouscule l’ordre du monde. Même si ce monde est tout petit, tout local. La simple idée du projet est parfois la seule mobilité possible pour beaucoup d’entre nous. Et le début de l’émancipation. N’est-ce pas là le plus grand malheur et la cause des assignés que d’être sans-projet ? Alors, amies, projetons-nous ! Suivons l’étoile. Ne restons pas là où on nous demande d’être. Bougeons. Ensemble. Et nous accrocherons des richesses partout à nos manteaux, à nos yeux, à nos galoches. Tentons l’inaccessible. Il est grand temps.

Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La Lettre R2019-08-30T19:47:30+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Disons le tout de go : quelle joie de pouvoir vous retrouver après le Q ! Vous auriez pu me tourner le dos et fuir de vos yeux ma chronique. Me voilà rassuré et ravi. J’avais bien pris soin, notez-le, de ne pas trop surcharger cette partie délicate de l’alphabet par des jeux de iambes (vers) trop enlevés. Le Q mérite un traitement subtil et délicat. L’auteur espère avoir été à la hauteur. Bref.
Puisque Vous voilà, alors avançons sans trop errer. Et justement, pas de quoi errer car nous voici arrivés à la lettre R (oui, déjà, c’est dingue).
Ah R ! Du sens plein le son ! Et l’air de rien, cet R me donnerait bien l’envie de pasticher (d’autant que les jours rallongent et que le jaune est dans l’air du temps) le génial Devos ou le génial Lapointe !

Que nenni ! Ne renâclons point devant l’exercice cher PP (porteur de projet en langue pressée). Ce sera donc R comme Ressources. Avec un S (j’anticipe la prochaine lettre). Pourquoi ? Parce que !

Parce que cher PP ce terme de Ressources doit être, sera au cœur de toutes vos attentions. Mais oui, plus vous aurez des ressources et mieux votre projet s’ancrera et se développera. Mais de quelles Ressources parle-t-on ici ? C’est une excellente question tant ce mot recèle moult définitions, nuances et acceptions. Qu’elles soient financières, techniques, culturelles, manuelles, intellectuelles, biologiques, relationnelles… toutes sont à convoquer, toutes sont à cultiver. Et toutes devront être tissées entre elles pour mieux accompagner et mieux soutenir votre projet. D’ailleurs, peut-être faudrait-il concevoir, de manière nouvelle, un outil spécifique qui puisse dresser la liste des Ressources dont vous disposez ou vous pourriez disposer, afin de pouvoir établir une démarche de projet stratégique. Comment et quoi faire pour augmenter votre capital Ressources ? Se former, se faire accompagner, coopérer, mutualiser, choisir le « bon » territoire… Ce serait certainement aussi utile que le fameux « business plan » qui souvent passe à côté de ces pierres précieuses que sont les Ressources. Et puis, surtout, pour toutes les meilleures raisons du monde (malade), penser votre projet comme une activité capable de valoriser les ressources naturelles et sociales d’un territoire. S’y insérer sans les esquinter. Ne plus penser les Ressources comme un capital à exploiter mais à faire croître. Nous voyons tous les jours à quoi mène ce pillage éhonté et mortel des ressources planétaires. Cette curée indécente ne durera plus très longtemps. Mais le pire n’est jamais sûr ! Et nous avons de la ressource. À nos projets !

Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La Lettre S2019-08-30T19:46:27+02:00

Chère lectrice (cher lecteur),

C’est décidé ! Point de foin ni de tergiversation stérile : je décide contre vents et marées que la lettre mise à l’honneur dans cette chronique sera le S ! Est-ce par empressement ? Est-ce parce que je rentre de Sarrant et de son superbe festival (les Estivales de l’illustration) en ayant fait auparavant un esse routier pour passer par le festival « Histoires de Passages » qui réveille les villages du côté d’Argentat ? Sûrement ! Allez savoir.

Peu importe après tout, ce sera donc le S. Comme système. Pourquoi ?

Parce que. Parce que l’enjeu essentiel aujourd’hui est de se sortir de ce système économique mondialisé devenu insensé. Celui qui relègue l’ESS à ses marges avec une condescendance sans borne (mais avec un délégué). Comment faire confiance à un système qui s’est construit (pour et par une minorité d’individus) sur l’exploitation, entre autres, d’énergies fossiles qui deviennent rares et chères ?

Comment faire confiance à un système qui nie les écosystèmes naturels, notre matrice vitale, et qui continue, bon gré, mal gré, à les surexploiter, à les massacrer, au nom du progrès, de l’emploi et du pouvoir d’achat (d’une petite partie de l’humanité). Comment faire confiance à un système tautologique qui nie le dérèglement climatique, son souffle infernal et ses soubresauts sanguinaires ?

Saperlipopette ! De quel monde ces thuriféraires de la firme et de la finance sont-ils ? Après ces décennies Sardanapalesques, le retour à notre humble réalité est violent. Et c’est vous, Mesdames et Messieurs les Porteurs de Projet qui peuvent, doivent entrer en scène ! Oui vous pouvez ! La grande transition, au-delà de son aspect inéluctable est une joyeuse nouvelle. De nouvelles richesses, pas que pécuniaires, sont à créer, à partager dans tous les domaines. A condition d’avoir le courage de faire ce pas de côté et d’avancer de manière collective et reliée, transcendé par les seuls enjeux du Vivant.

Déjà, ici et là, surgissent des projets qui font du bien à l’humanité, aux écosystèmes naturels, tant dans l’agriculture que dans le social, tant dans la production d’énergie que dans le commerce, tant dans les finalités que dans les manières de les animer. Déjà, ici et là, des collectivités lancent des appels à intérêt pour tisser un nouveau système. Soyez à l’écoute !

Il est grand temps de faire pousser partout les ZAT (Zone à Transition) ! Après les cabinets de poésies de Jean Bojko qui ensemencent nos esprits, fabriquons nos projets à la sueur et à la lumière de notre plus belle part d’humanité. Réinsérons-nous dans notre grand écosystème planétaire. Ce sera plus doux, plus désirable et plus porteur d’avenir. Le grand Soir n’a jamais été aussi proche ! Mais si !

Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre T2020-03-11T10:31:31+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Je ne sais pas comment vous faites-vous, mais il me semble difficile d’échapper en ce moment aux flots quotidiens de nouvelles du monde qui sont plus catastrophiques les unes que les autres ! Je ne regarde pas la télévision et n’écoute plus la radio en direct. Mais je lis encore les journaux et fréquente le Net. C’est terrifiant ! On arriverait à se demander si, au final, ce flux d’infos mortifère qui aurait vocation à semer la révolte chez les âmes bien faîtes, ne produirait pas le contraire : une anesthésie mentale et le développement d’un cynisme hédonique consumériste. Beaucoup se disant que, puisqu’il ne peut rien changer au regard de l’immensité de la charge, autant qu’il en profite avant que tout ne s’effondre. Il est d’ailleurs stupéfiant de voir se côtoyer les informations gravissimes sur la santé de la planète et de l’espèce humaine avec les publicités qui continuent d’exalter nos modes de vie voraces et de vanter le superflus, le plastique et autres produits chimiques. Ce plastique et cette chimie qui va se nicher même dans le thé et ses sachets ! Alors saisissons l’occasion et choisissons ensemble la lettre qui sera à l’honneur de cette chronique : oui vous avez raison, l’heure du T a sonné. Et ce sera T comme Territoire ! Pourquoi ? Parce que.

Parce qu’avec une telle entame de chronique, nous aurions pu choisir T comme transition certes, mais la transition nous allons en souper dans les mois et les années qui viennent. Nous en souperons tellement que nous en serons écœurés ! Et que ce mot sera vidé de son sens. Je vous fiche mon billet ! Certains esprits affutés pourraient me faire remarquer malicieusement que c’est aussi le cas avec « Territoire ». C’est vrai ! C’est très vrai ! Mais justement, avant qu’il ne soit trop, trop tard, profitons de l’occasion pour mettre les points sur les i du Territoire. De quel Territoire parle-t-on ? Le territoire support et décor géré pour faire du profit ou le territoire qui abrite le vivant ? Le territoire décrété ou le territoire issu d’une longue histoire où s’entremêlent la biosphère, la minéralogie, le climat ? Chers porteuses et porteurs de projet, il vous appartient aujourd’hui d’inventer (ou de réinventer) vos activités professionnelles qui s’inscriront dans ces territoires du vivant. Pour les nourrir et en prendre soin et non plus pour les exploiter et les épuiser. Ainsi nous ne serons plus dans cette injonction de développement territorial (on voit on cela nous mène tous les jours) mais dans un processus d’épanouissement du local. Un « Tout-Monde » comme dirait le poète. Des tas d’initiatives naissent tous les jours. Ayons le courage de les faire croître et embellir. La transition ce n’est ni de la science-fiction, ni la nouvelle figure du capitalisme !

Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre U2020-03-11T10:30:56+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Le T ayant été traité et infusé, ou l’inverse, ou les deux, mon humeur badine se laisserait bien séduire par quelques explorations de cette lettre creuse qu’est le U. Car votre sagacité légendaire vous aura immédiatement fait remarquer, chère lectrice (cher lecteur), que le U se cale l’air de rien, dans des mots explicites tel que justement « creux » ou « trou » ou encore « urne ». Sans compter que nous les Francophones, nous sommes à peu près les seuls latinophones à pouvoir prononcer le U comme un U et non comme un « Ou » ou comme un « YU ». Logique me diront certains puisque lorsque nous prononçons le U, nous devons faire une figure appelée « bouche en cul de poule », ce qui nous ramène illico presto à notre animal fétiche national qu’est le coq. Alors que si par exemple un Anglophone se met à faire la bouche en cul de poule, c’est qu’il est en train de faire un autoportrait (appelée selfie en langue des vainqueurs). Bizarrement, le U n’est pas universel. Et bien qu’une chronique sur le U pourrait apparaître moins stimulante que sur le X, mon choix est fait. Ce sera U comme Urticant ! Pourquoi ? Parce que !

Parce que voir des pans entiers de notre territoire manquer d’âmes alors que d’autres en sur-regorgent au point d’être suffocants peut provoquer de sacrées démangeaisons ! Certes, le système dominant (capitaliste et néolibéral) est concentrationnaire. Certes le Dieu Marché ne s’intéresse qu’aux territoires densément peuplés par cupidité. Mais enfin ! Où faisons-nous réellement de la place sur ces territoires dits « peu denses » ? Y compris pour les gens qui les habitent (jeunes, vieux, fragiles, pauvres, étrangers…). Où accueillons-nous réellement et de manière bienveillante les porteurs de projets professionnels et de vie ? Et à quelles conditions ? Ces milieux accueillants semblent plutôt rares aujourd’hui. Alors que la demande existe ! Alors que ces milieux sont aussi (et d’abord ?) les lieux de résiliences et de transition sociétale ? Alors oui, il faut les chercher chers porteurs de projet. Et les entretenir. Les multiplier. Fort heureusement ils existent.

Car enfin, organise-t-on une société pour que quelques-uns fassent un maximum de profits sur le dos du Vivant et ce jusqu’à plus soif (et extinction des ressources), ou construisons-nous, nous les Démocraties du Terrestre, une société guidée par la justice sociale pour que chacun puisse juste s’épanouir ? Quel est le sens aujourd’hui de cette ubuesque idéologie consumériste ? Quel est le sens du « progrès » ?
Il serait temps de se botter le U non ?

Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.

À dans trois mois !

La lettre V2021-11-01T11:22:28+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Cette nuit j’ai fait un drôle de rêve ! Un cauchemar devrais-je dire ! Des milliers de pauvres gens mourraient partout dans le monde et tout ce qui était permis de faire, c’était de les compter. Cela rendait tous les soignants et tous les autres gens très en colère, très peureux et très tristes. Certes, notre modernité, notre science et nos technologies laissent peu de crédit à cette idée farfelue mais c’est le propre des cauchemars que d’être farfelus…

Mais j’aimerais poursuivre si vous le permettez chère lectrice (cher lecteur)n car cela fait du bien d’expulser en écrivant hors de chez soi ce qui reste souvent confiné à l’intérieur par pudeur ou par complexité. Merci. Alors, pour tenter d’endiguer ce qui faisait mourir les gens (je n’arrive pas à me souvenir ce qui en était la cause, j’en suis désolé), la plupart des États dans le monde avaient décidé de stopper toutes formes de commerces et de transports collectifs. Et, chose improbable, obligeaient les gens à se terrer chez eux, s’ils avaient un chez eux, et à s’occuper de ce qui les regardait comme disait Hérodote et ce, sans faire d’histoire. Allez savoir pourquoi mais une grande tension s’empara des citadins des grandes grandes villes et des grandes grandes tours aux petits appartements et aux immenses parkings bitumés. Comme si une envie de grand grand large se faisait subitement ressentir. Comme si ces monstres de grégarité imposée que sont ces grandes grandes villes et ces grandes grandes tours perdaient subitement le seul charme qui semblaient les rendent supportables : le sentiment d’avoir le monde à portée de main.

Et tous se sont pris à réfléchir (c’est un cauchemar je vous le rappelle), malgré les grands grands réseaux sociaux et les grands grands médias des grandes grandes firmes. Et là, que croyez-vous qu’il arriva ? Et bien, tous prirent leur plume pour m’écrire ! Et de ces millions de lettres (on peut rêver même pendant un cauchemar non ?), une seule et unique revendication : que cette chronique s’intéresse cette fois ci à la lettre V ! V comme Virus ? V comme Vide (19) ? V comme Victoire ? V comme Village (Magazine) ? Que nenni ! Ils réclamaient le V comme Vie ! Pourquoi ? Parce que.

Parce qu’ils avaient perçu dans le silence rendu, dans l’évanouissement des moteurs thermiques, dans les éclaircies du brouillard pollué, dans l’effondrement du PIB, dans la vacuité des regards des petits chefs démocrates, une petite chose frêle qui à la fois les dépasser et à la fois les attirer. Une petite chose sans frime, sans fard, sans artifice ni chimie synthétique. Une petite chose qui pourrait faire, qui fera projet. Autonome et pas chère. La vie.

Mais il est tard, Madame, il faut que je reste chez moi.
À dans trois mois ! Mais pas chez moi hein !

La lettre W2021-11-01T11:26:58+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

En ce jour de juillet (co)vide comme un mois sans Tour de France, il me faut attaquer la vingt-troisième étape de cet abécédaire décalé. Une étape de montagne. De creux et de bosses. De descentes vertigineuses et de montées aussi abruptes que certaines routes de la Wallonie. Non, Huy n’est pas plat ! Oui, Huy en vélo est un monument ! Pour les Béotiens, Huy est situé à l’arrivée d’une fameuse course de cyclisme baptisée « La Flèche wallone ». Enfin l’arrivée c’est pour ceux qui peuvent grimper sa côte légendaire qui affiche des pourcentages à plus de 20% ! Autant vous dire, chère lectrice (cher lecteur), que le plat pays ne l’est pas toujours et qu’il faut sans cesse nous méfier de nos représentations et de nos clichés.

Certes ! Mais pourquoi ce détour par la Wallonie me direz-vous et pourquoi cette métaphore qui file cahin-caha sur le vélo ? Pour deux raisons. La première tient au fait que j’avais scellé ma précédente chronique sur le V sans faire un seul clin d’œil au mot « vélo ». Or, parler de pédalage quand on écrit une chronique sur et pour les porteurs de projet, ça peut tenir la route n’est-ce pas ? Je tenais à réparer cette faute de goût. La deuxième raison, tout aussi claire mais encore plus évidente, c’est que la vingt-troisième lettre de l’alphabet et celle qui double la vingt-deuxième ! Eh oui, il s’agit du double V ! Ce W est la lettre de notre alphabet dont l’usage est le moins fréquent ! Ce W serait même apparu au XIIe siècle pour, tenez-vous bien au porte-bagage, mieux écrire les lieux et les noms des gens du Nord ! Comment alors ne pas saluer en passant les Flamands, les Wallons, Les Picards et autres Wisigoths ? Je vois vos visages s’illuminer et le sourire vous revenir. Le W, lettre un peu timbrée, implique de pédaler dans la semoule bien-sûr ! Allez, accélérons !

Ce sera donc W comme Wiki (qui signifie justement « rapide » en Hawaïen). Pourquoi WIKI ? Parce que ! Parce que je ne joue pas au Scrabble. Parce que «Wagon» aurait été trop attendu et que j’aurais ramer (expression cheminote). Parce que Wiki transporte, chère lectrice (cher lecteur) de nouvelles perspectives prometteuses encore peu utilisées, me semble-t-il, dans la conception des projets professionnels. Imaginez votre projet d’installation à la campagne que vous façonneriez grâce et avec l’apport de tout plein de collaborateurs/coopérateurs/sociétaires/usagers/bénéficiaires ? Un Wiki-projet ! Un projet qui serait le fruit d’une contribution collective. Un projet engageant et évolutif. Pas le résultat d’une démarche de marketing à but consumériste, non, mais l’essence métissée d’idées, d’envies et de points de vue visant l’utilité. Un Wiki-projet qui s’inscrirait dans l’économie sociale et solidaire. Un projet commun, un projet en commun. Un projet qui du coup serait porté à plusieurs, logique. Et si on appelait cela une coopérative ?

Mais il est tard, Madame, il faut que je reste chez moi.
À dans trois mois !

La lettre X2021-11-01T11:28:48+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Chouette vous revoici ! Il est parfois des rendez-vous qui nous palpitent délicieusement le cœur et l’esprit. Et c’est si précieux ! Souvent je compatis avec les journalistes qui n’ont d’autres choix que de se coltiner le tragique réel. Même si certains sont encouragés à attiser nos peurs et nos haines, d’autres se battent avec leur plume pour convaincre l’Éclaircie. Et réchauffer et stimuler nos meilleurs versants.

Bigre, il s’égare pourraient penser quelques porteurs de projet. Fichtre non ! Pourquoi alors ? Parce qu’en ces temps de restrictions de nos libertés sociales et de soupes au couvre-feu, le temps du X est enfin venu. Et il se trouve que dans un abécédaire, même décalé, ce temps n’arrive pas après n’importe quelle lettre ! Imaginer que le X arrive après le C ? De quoi prendre un vent assuré ! Ou qu’il arrive après le Q ? De quoi frémir ! Las, pas la peine d’en faire un wagon, le X arrive en antépénultième position. Mais je vous le dis tout de go, quitte à décevoir quelques lectrices et lecteurs, cette position n’existe pas dans le Kamasoutra. Mais, palsambleu, j’en vois qui tressaillent déjà en se demandant quel mot pourrait bien illustrer ce X si peu fréquenté par notre langue. Certes, certains mots du X ont besoin d’un décodeur. Et ils sont rarement anonymes ces mots. Ainsi, et en guise d’illustration, ce sera donc X comme Xénisme ! Pourquoi ? Parce que ! Parce que je vais peut-être me mettre à jouer au Scrabble. Parce que j’aurais pu aussi choisir Xylophone mais je n’aime guère la langue de bois. Parce que surtout je trouve la métaphore juste, intéressante, puissante.

À contre-courant des clichés si dangereux du prêt-à-penser en vogue depuis de trop nombreuses années. Mais quelle métaphore ? Et bien celle qui appliquerait aux néo-ruraux porteurs de projet la définition de Xénisme, qui est un mot ou une phrase empruntée tel quel à une langue étrangère, mais sans être traduit (comme par exemple le mot Irlandais de « pub »). Surtout que le xénisme, une fois assimilé à la langue d’adoption, reste un mot « d’emprunt » mais il fait souche. Osée cette métaphore me direz-vous ? Logique quand il s’agit du X non ? Osée mais tellement essentielle : reconnaître les porteurs de projet dans leur intégrité y compris culturelle, sans vouloir au préalable gommer leur « étrangeté », voila qui est une promesse d’enrichissement ! Ne pas vouloir intégrer « l’étranger » coûte que coûte dans une culture vernaculaire pour gommer ses différences et le lisser tant est si bien qu’il nous ressemble, cela ne s’apparenterait-il pas plutôt à de la désintégration ? Une perte en « biodiversité humaine » et au final un appauvrissement de, et pour tous ? Plaidons pour ce fameux facteur X qui permet de transcender les compétences plutôt que de les mettre en concurrence.
Plaidons encore et toujours pour que les habitants puissent d’abord reconnaître les porteurs de projet comme une offre pour le « territoire » et non comme une demande, voire une menace ! Une histoire, belle et simple, de don et de contre-don. En somme, une histoire d’hospitalité. Dont l’origine provient du Grec… Xénia.

Mais il est tard, Madame, il faut que je reste chez moi.
À dans trois mois !

La lettre Y2021-11-01T11:30:25+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

Je vous espère en grande forme malgré un début d’année damnée par les virus, les variants et les avaries qui leurs sont liées. Mais j’ai confiance en la force qui vous meut, comme on dit si bien en Limousin (elle y fait toujours un effet bœuf cette formule).

Porter un projet d’installation à la campagne vous transcende et vous énergise n’est-ce pas ? Je sens l’impatience fleurir même au plein cœur d’un hiver qui y ressemble. Même si en ces temps confus et confinés qu’on finit par conspuer, l’envie de terrain pour avancer dans ses desseins se fait encore plus fort, il vous faut patienter. Certes il y a le numérique. Le distanciel peut-être utile en beaucoup de points. Mais gare tout de même à l’indigestion de visios ! Cette « visiophagie », malicieusement nommée ainsi par une militante du terrain et du sensible, n’offre malgré tout qu’un ersatz de réalités, quand elle n’anesthésie pas ! Les « vraies » rencontres ont d’autres couleurs, d’autres odeurs, d’autres ombres ! Elles ne sont ni hors-sol, ni lissées, ni cadrées. La vie pixelisée et aseptisée pouahhhh ! Mais, chères porteuses et chers porteurs de projets, reprenons s’il vous plaît le cours parfois agité de notre abécédaire. Si je ne yoyote pas encore, je vous avais laissé avec le X. Mais comme il n’y pas que ça dans la vie ni dans l’alphabet, je vous propose d’aller voir un peu plus loin. Ce sera donc pour cette fois, et seulement cette fois, la lettre Y. Y comme Yole. Pourquoi ? Parce que.

Parce que la Yole n’est pas une galère. C’est un petit bateau à l’aise pour se mouvoir facilement et conduire son projet de vie et son projet professionnel là où bon vous semble. Changer de direction, explorer, revenir, divaguer, repartir. La Yole est agile. Une belle métaphore pour la conduite de projet non ? Nous pourrions nous lancer dans un ysopet où la fable (définition de ce qu’est un ysopet) raconterait l’histoire du Titanic (amère histoire de mer) et du Kon-Tiki, exquis esquif en balsa qui, en 1947 a parcouru plus de huit-mille kilomètres dans l’océan Pacifique, sans embûche ni brèche. Un cas ce radeau ! Un remake du chêne et du roseau en quelque sorte. Savoir prendre le vent et en faire un allier, faire avec et non contre, une manière de faire projet pour et avec la vie. Sans tenter de la dompter. Ces histoires de maîtrises finissent toujours mal. En général. Ce pourrait être une joyeuse leçon après tout !

Mais il est tard, Madame, il faut que je reste chez moi.
À dans trois mois !

La lettre Z – (This is) ZE END2021-11-01T11:32:36+01:00

Chère lectrice (cher lecteur),

En ces temps où les certitudes d’un futur heureux se font aussi rare que les hirondelles, parler parfois donne de la joie.

Dire un monde le rend possible. Les artistes ont souvent un langage bien particulier qui nous révèle d’autres mondes de ce monde. Les peuples (ceux qui ont survécu à la modernité) ont des langages bien particuliers qui disent le monde de manières si différentes et le vivent ainsi différemment ! Au point que, si nous osions être des poètes ou des sémiologues (qui sont des poètes déguisés), nous pourrions affirmer que nous habitons d’abord nos idées, nos mots et nos grammaires avant que d’habiter le Monde, concept qui s’avère souvent, surtout aujourd’hui, être une escroquerie pas encore tout à fait débusquée. La poésie est en effet une arme de destruction massive de l’uniformisation des lieux, des territoires, des villes, des pays, des cultures, des destinées. Elle désindustrialise les modes de produire, les modes de vie, les modes de prêt à penser. Elle remet de la singularité, de la profondeur et de l’attention au fragile, à l’invisible, à l’inintéressant, à l’inutile, au délaissé. Surtout, elle fait lien et fait bien. Elle fait humanité. Ah ! Si tous les projets d’entreprendre s’étaient donnés la main pour rester artisanaux ! Nous aurions sans doute encore quelques crédits de ligne de vie à dépenser sans compter ! Aussi, comme il faut bien en revenir aux fondamentaux de ce petit réduit-cocon que nous partageons depuis quelques mois sous ce vocable d’abécédaire, je vous propose d’illustrer cette fois-ci la lettre Z. Et ce sera Z comme ZAD (permettez-moi cet acronyme en forme de zig-zag). Pourquoi ? Parce que. Parce que les ZAD nous montrent en creux et en relief ce qu’il nous faut, nous les humains, reconquérir. Entre nous et la terre, entre nous et le vivant, entre nous et nous.

Tant de leçons de vie et de manière d’être vivant nous sont ainsi montrer courageusement ! Rageusement peut-être. Certes. Mais pourquoi regardons-nous les BFM télés quand les Zadistes nous montrent l’avenir ? Et si nous décidions, ensemble, de ne plus faire l’économie de changer le cours d’une histoire de moins en moins folichonne pour de plus en plus d’êtres ? Si nos langues, audacieuses, renommaient ce qui compte vraiment, dessinant d’autres perspectives et les règles du jeu d’une Renaissance prometteuse ? Ne devons-nous pas, et au pas, nous atteler derechef à cette belle entreprise ?
Vouloir libère disait Zarathoustra, un poète prophète esthète. À moins que ce ne soit NietZsche.
A vos souhaits !

Mais il est tard, Madame, il faut que je parte de chez moi.
À bientôt ici ou là !

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