Chère lectrice (cher lecteur),

Chouette vous revoici ! Il est parfois des rendez-vous qui nous palpitent délicieusement le cœur et l’esprit. Et c’est si précieux ! Souvent je compatis avec les journalistes qui n’ont d’autres choix que de se coltiner le tragique réel. Même si certains sont encouragés à attiser nos peurs et nos haines, d’autres se battent avec leur plume pour convaincre l’Éclaircie. Et réchauffer et stimuler nos meilleurs versants.

Bigre, il s’égare pourraient penser quelques porteurs de projet. Fichtre non ! Pourquoi alors ? Parce qu’en ces temps de restrictions de nos libertés sociales et de soupes au couvre-feu, le temps du X est enfin venu. Et il se trouve que dans un abécédaire, même décalé, ce temps n’arrive pas après n’importe quelle lettre ! Imaginer que le X arrive après le C ? De quoi prendre un vent assuré ! Ou qu’il arrive après le Q ? De quoi frémir ! Las, pas la peine d’en faire un wagon, le X arrive en antépénultième position. Mais je vous le dis tout de go, quitte à décevoir quelques lectrices et lecteurs, cette position n’existe pas dans le Kamasoutra. Mais, palsambleu, j’en vois qui tressaillent déjà en se demandant quel mot pourrait bien illustrer ce X si peu fréquenté par notre langue. Certes, certains mots du X ont besoin d’un décodeur. Et ils sont rarement anonymes ces mots. Ainsi, et en guise d’illustration, ce sera donc X comme Xénisme ! Pourquoi ? Parce que ! Parce que je vais peut-être me mettre à jouer au Scrabble. Parce que j’aurais pu aussi choisir Xylophone mais je n’aime guère la langue de bois. Parce que surtout je trouve la métaphore juste, intéressante, puissante.

À contre-courant des clichés si dangereux du prêt-à-penser en vogue depuis de trop nombreuses années. Mais quelle métaphore ? Et bien celle qui appliquerait aux néo-ruraux porteurs de projet la définition de Xénisme, qui est un mot ou une phrase empruntée tel quel à une langue étrangère, mais sans être traduit (comme par exemple le mot Irlandais de « pub »). Surtout que le xénisme, une fois assimilé à la langue d’adoption, reste un mot « d’emprunt » mais il fait souche. Osée cette métaphore me direz-vous ? Logique quand il s’agit du X non ? Osée mais tellement essentielle : reconnaître les porteurs de projet dans leur intégrité y compris culturelle, sans vouloir au préalable gommer leur « étrangeté », voila qui est une promesse d’enrichissement ! Ne pas vouloir intégrer « l’étranger » coûte que coûte dans une culture vernaculaire pour gommer ses différences et le lisser tant est si bien qu’il nous ressemble, cela ne s’apparenterait-il pas plutôt à de la désintégration ? Une perte en « biodiversité humaine » et au final un appauvrissement de, et pour tous ? Plaidons pour ce fameux facteur X qui permet de transcender les compétences plutôt que de les mettre en concurrence.
Plaidons encore et toujours pour que les habitants puissent d’abord reconnaître les porteurs de projet comme une offre pour le « territoire » et non comme une demande, voire une menace ! Une histoire, belle et simple, de don et de contre-don. En somme, une histoire d’hospitalité. Dont l’origine provient du Grec… Xénia.

Mais il est tard, Madame, il faut que je reste chez moi.
À dans trois mois !