Chère lectrice (cher lecteur),
Bien calé sur mon fauteuil et, par souci de cohérence, sur mon séant (une anagramme de sénat soit-dit au passage), l’heure de ma chronique trimestrielle a sonné et je m’y attèle. Bigre ! Il devait bien arriver. Il est là. Imposant et incontournable. Il me regarde avec un sourire en coin, du moins j’en ai l’impression. Le Q. L’instant du Q. Difficile d’y échapper n’est-ce pas ? Bien-sûr me direz-vous, je pourrais torcher ce papier en trois lettres et deux mouvements mais diantre ! Ce n’est pas mon style. Alors, soit ! Attaquons-le rondement. De manière délicate mais fermement. Par quel mot illustrer ce Q pour qu’il résonne et non détonne dans cet abécédaire décalé ? Ce pourrait être Q comme Question. Ce n’est pas ce qui manque quand on porte un projet. Ce pourrait être Q comme Quadrature mais nous finirions par tourner en rond. Ce sera Q comme Quête. Pourquoi ? Parce que !
Parce que j’aime Brel et Don Quichotte. Et Sancho Panza, qui n’était pas un âne mais l’agent de développement du porteur de projet à cheval sur ses principes et son séant. Comment ne pas penser à relier cette somptueuse chanson que vous avez tous en tête maintenant et, je l’espère, pour quelques heures encore (merci qui ?), à vos propres vies et désirs d’autres destinées ? Suivre l’étoile ! Quel beau viatique pour un porteur de projet ! Et quelle belle image que ce duo improbable entre un porteur de lubies et un porteur d’eau. L’un s’enflamme, l’autre éteint. L’un est stratosphérique, l’autre est glaiseux. L’un est généreux, l’autre est comptable. Mais les deux cheminent, ils capitalisent, ils vivent. Le « projet » reste pour beaucoup la seule solution virtuelle pour fuir un monde non convenable, étouffant, mortifère. Le projet est subversif. Il bouscule l’ordre du monde. Même si ce monde est tout petit, tout local. La simple idée du projet est parfois la seule mobilité possible pour beaucoup d’entre nous. Et le début de l’émancipation. N’est-ce pas là le plus grand malheur et la cause des assignés que d’être sans-projet ? Alors, amies, projetons-nous ! Suivons l’étoile. Ne restons pas là où on nous demande d’être. Bougeons. Ensemble. Et nous accrocherons des richesses partout à nos manteaux, à nos yeux, à nos galoches. Tentons l’inaccessible. Il est grand temps.
Mais il est tard, Madame, il faut que je rentre chez moi.
À dans trois mois !
Laisser un commentaire